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27 août 2016 6 27 /08 /août /2016 23:38
Le Zeppelin : le réseau loufoque d’un roman-catastrophe

Le roman fantaisiste et noir de Fanny Chiarello est un objet aussi étrange que le Zeppelin, cet immense ballon dirigeable allemand, qui survole cette petite ville française singulière appelée « La Maison ». Comme le Zeppelin, le livre est ce qui les recouvre et rassemble leurs petites folies. (Car La Maison, notre planète en miniature, même si cela peut faire penser au vieux quartier d’une ville du nord de la France, ressemble fort à une maison de fous, il faut bien le dire…) Malheureusement, seule l’hystérie peut être collective, et cette histoire finit bien mal.

J’aime beaucoup l’univers foufou de cette auteure : ce livre a le courage d’une inventivité vive, d’une construction inédite (comme Tombeau de Paméla Sauvage, que j’avais adoré) sa fantaisie sait nous surprendre à chaque page… et pourtant ses personnages pourraient être nos voisins, nous… Fanny Chiarello nous parle de notre époque, comme d’un réseau social où s’accumulent les solitudes et où les êtres se rencontrent bien difficilement (Ne pas rater le dernier chapitre). Il y a beaucoup d’humour, j’ai ri à plusieurs reprises, et pourtant c’est un livre plutôt pessimiste. La rue principale de La Maison s’appelle « Canard Bouée », du nom d’un syndrome lié à un traumatisme enfantin subi par ses habitants (en fait, les patients d’un psy qui s’est rendu compte qu’ils avaient tous perdu leur bouée-canard étant petits). Pour se soulager, ils jettent dans le canal tous les objets Mais il faudrait aussi vous expliquer pourquoi les habitants de la rue des Neufs lobes ont un lobe de cerveau en plus, qui vrombit comme un frigo quand il fonctionne… Et les super-pouvoirs de Sylvette, qui peut voyager dans les époques de sa vie… (Un imaginaire hyper-riche, saturé, qui m’a fait penser à Tristan Garcia par moments, même si celui-ci adopte un mode de narration beaucoup plus classique) Vraiment, ce roman de Fanny Chiarello est bien difficile à résumer, avec ses phrases volontairement déconcertantes, qui brisent vos repères, cassent tout à coup ces petites histoires en plein vol.

C’est un roman choral où la chorale serait volontairement cacophonique, loufoque, parce que l’harmonie n’est plus de ce monde, parce que chaque personnage est un écorché vif. Sous la chaleur oppressante de l’été qui sévit ce jour de juillet, on y meurt un peu facilement, l’étudiante Erasmus modèle ou la petite majorette blonde se transformant en meurtrières redoutables. Il y tombe du ciel un poulet plumé non vidé. Jusqu’à ce que tout s’embrase… Si vous en avez marre de lire les mêmes bluettes, si vous commencez à trouver que beaucoup de romans se ressemblent, c’est vraiment le livre qu’il vous faut. Laissez-vous surprendre à chaque page, et applaudissez le talent de Fanny Chiarello.

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  • : Effleurer une ombre
  • : Je suis conne comme la lune sans soucis, comme la lune béate qui luit à l'automne, et offre le sourire de sa face blême aux moutons rêveurs, aux filles endormies. Je suis pomme, en somme, et de ce mauvais fruit, sais-tu? La gloire des campagnes monotones (Par qui Dieu sur Eve jeta l'anathème jadis) pleine d'asticots et toute pourrie. Je suis vache mystique des champs nivernais, mâchouillant ma vie végétale dans la paix. Le temps passe, je rumine, bovine herboriste.
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