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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 13:24

Jyves.jpg'avais adoré le dernier spectacle d'Yves Hunstad, c'est pourquoi quand j'ai vu son nom dans le programme du off, j'ai osé entraîner toute ma famille pour découvrir sa nouvelle création. Je savais que forcément, ce serait déjanté et intelligent. C'est pourquoi les quatre Cahen se sont retrouvés dans une navette qui les a emmenés dans un endroit improbable (une patinoire désaffectée des faubourgs) pour voir un spectacle tout aussi improbable.

 

J'ai beaucoup aimé cette pièce, même si elle était 100 fois moins drôle que la précédente création de cet auteur (qui avait failli me faire mourir de rire). Yves Hunstad est un type incroyable, une sorte de martien immense, roux et frisé, et il suffit qu'il vienne sur scène pour qu'irradie sa présence poétique. C'est un poète philosophe qui a un sourire de lutin. Il aime jouer avec sa compagne, Eve Bonfanti, sur les faux-semblants du spectacle, les interactions entre la salle et la scène, la confusion des deux. Il nous fait toujours réfléchir sur ce qu'est le théâtre.

 

Cette fois, il s'agissait d'une pièce qui avait pour thème le temps, et la subjectivité qui caractérise sa perception- mais c'était aussi une pièce sur le hasard et le déterminisme de la vie, à travers le prisme de quelques personnages qui se sont rencontrés lors d'une conférence: un scientifique, spécialisé dans la génétique et le cerveau, une sexologue, une hôtesse de l'air et un ange qui a pris pour forme humaine celle d'un touriste canadien... sauf que l'hôtesse de l'air-le personnage principal de l'histoire- n'est pas vraiment une hôtesse de l'air, puisque le voyage auquel le spectateur est convié (comme s'il se trouvait dans un avion) est plutôt un voyage dans le cerveau perturbé de ce personnage.

 

Cette pièce est vraiment un OVNI, puisqu’en plus, elle vous donne l'illusion de voler, et elle est une belle métaphore de ce que peut être la réalité au théâtre: une sorte de moment suspendu, hors de la temporalité normale. Nous sommes là entraînés dans le rapport au temps foutraque de la narratrice, qui a eu un accident de voiture et elle déroule devant nous les méandres sinueux de son cerveau en état de choc pendant son comas.

 

ça, c'est de l'aventure théâtrale, car finalement, ils sont peu nombreux, les auteurs qui osent casser la temporalité linéaire au théâtre (c'est aussi le cas dans "le Maître et Marguerite). Bon, je l'avoue, pour ma petite Adèle, 9 ans, c'était un peu ambitieux, et ce petit ange de patience a seulement dit avec un petit soupir sage: "Bon, là, j'ai vraiment rien compris". Elsa s'est prise au jeu, notamment assez intéressée par l'inversion du temps. Elle murmurait de temps en temps: "mince, on remonte dans le passé!"

 

En tout cas, la démarche théâtrale de cette troupe a vraiment un sens, elle perturbe le spectateur, elle ne le laisse pas dans le même état après la pièce que ce qu'il était avant. Voilà ce que j'attends, profondément, d'une pièce de théâtre.

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  • : Effleurer une ombre
  • : Je suis conne comme la lune sans soucis, comme la lune béate qui luit à l'automne, et offre le sourire de sa face blême aux moutons rêveurs, aux filles endormies. Je suis pomme, en somme, et de ce mauvais fruit, sais-tu? La gloire des campagnes monotones (Par qui Dieu sur Eve jeta l'anathème jadis) pleine d'asticots et toute pourrie. Je suis vache mystique des champs nivernais, mâchouillant ma vie végétale dans la paix. Le temps passe, je rumine, bovine herboriste.
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