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1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 17:14
Celle que vous croyez: ce n'est vraiment pas moi, mais c'est bien!

Facebook, je le crois depuis bien longtemps, est une sorte de grand système romanesque, où chacun se met en scène comme un personnage. Plusieurs romanciers déjà s'étaient emparés de cette évidence pour y créer des effets de mise en abyme, comme par exemple Eliette Abécassis dans Une affaire conjugale qui jouait aussi sur les fausses identités Facebook pour se venger d'un amour malheureux, ou la saga (bien meilleure) de Virginie Despentes Vernon Subutex, qui elle, joue davantage sur l'idée de réseau de personnages pour faire évoluer son intrigue. Camille Laurens se saisit elle aussi de ce support romanesque bien tentant, pour parler d'un thème qui me touche spécialement: le vieillissement des femmes après 45 ans. Mon âge.

Il y a chez Camille Laurens une forme de sensibilité féminine qui est assez éloignée de la mienne, dont la poésie aime voisiner par moment avec l'hystérie. Par exemple, ses héroïnes adorent les blagues idiotes, ce que je déteste, et les mecs beaux même s'ils sont limite-imbéciles, ce que je n'aime pas du tout non plus-je crois que personnellement je préfère même les moches pourvu qu'ils soient intelligents. Bref, cette femme m'est opposée en pas mal de points, et j'aurais vraiment du mal à trouver le moindre intérêt à ce loser photographe-surfer qui se prend pour Crocodile Dundee...

Sauf que pourtant ses personnages féminins profs de lettres qui courent les colloques ou écrivaines, à l'âge mûr, pas mal happés par les réseaux sociaux, peuvent quand même avoir aussi quelques points communs avec moi en ce moment. Et ce qui est surtout intéressant dans ce roman, c'est sa structure, avec des mises en abyme astucieuses, qui nous font réfléchir à la nature si relative de la notion de fiction. Les niveaux romanesques y sont enchâssés à la manière de la poule et de l’œuf de sorte qu'on ne sait plus lequel a pondu l'autre. C'est vraiment ça que j'ai préféré, ces jeux de miroir assez vertigineux, et puis la scène d'amour physique à la fin, parce qu'on l'attendait tout de même, et qu'elle sait bien les raconter.

Mais bon, elle s'en fait trop, Camille Laurens, par rapport à ce problème du vieillissement de la femme. Peut-être parce qu'elle est elle même une séductrice? Moi qui ne suis pourtant pas une si belle femme qu'elle, je m'aime pourtant bien mieux à mon âge que dix ans avant. C'est vraiment un très bon roman, qu'on ne lâche pas, mais il aurait tendance à dramatiser le "problème" du vieillissement physique, qui n'est pas si horrible que ça je pense, surtout quand on voit la beauté de Camille Laurens elle-même. Je lui conseille à l'avenir, à elle et à ses personnages, de flasher sur des mecs plus intelligents. Les choses vont d'arranger d'elles-mêmes je crois. Les femmes qu'elle met en scène sont dans une impasse parce qu'elles ont le même gros défaut finalement que les hommes qui leur font du mal (et elle l'écrit d'ailleurs elle-même à un moment)...

J'ai été un peu gênée aussi par la proximité du sujet avec L'Amour et les Forêts, d'Eric Reinhardt: une femme, prof de lettres, victime d'un pervers narcissique, qui écrit dans une clinique psy sympa et se confie à un écrivain... même si je reconnais que l'oeuvre de Camille Laurens a une vraie originalité... Cela en fait des romans très cousins.

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  • : Effleurer une ombre
  • : Je suis conne comme la lune sans soucis, comme la lune béate qui luit à l'automne, et offre le sourire de sa face blême aux moutons rêveurs, aux filles endormies. Je suis pomme, en somme, et de ce mauvais fruit, sais-tu? La gloire des campagnes monotones (Par qui Dieu sur Eve jeta l'anathème jadis) pleine d'asticots et toute pourrie. Je suis vache mystique des champs nivernais, mâchouillant ma vie végétale dans la paix. Le temps passe, je rumine, bovine herboriste.
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